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Tanger: Le fiasco de la mobilité urbaine

La grève du transport lancée, lundi dernier à Tanger, par l’Observatoire national des transports et des droits du conducteur, n’a pas eu de grandes conséquences sur le trafic, mais a servi de révélateur. Son écho auprès des conducteurs du transport interurbain et de ceux du transport du personnel, (même si les organisateurs revendiquent 90% de taux de participation) aurait eu un effet limité car une partie des entreprises se sont arrangées pour prévoir un lundi «mort» en terme de production et aménagé des livraisons à l’avance afin de minimiser les conséquences. Toutefois, ce sont les défaillances du modèle économique de la région qui ont été mises à nu.

A Tanger, la faiblesse des moyens de transport publics, le réseau de transport urbain avec sa douzaine de lignes n’arrive que difficilement à couvrir une ville qui est en train de grandir à vue d’œil laissant le champ libre au transport du personnel et aux taxis de ligne.

Actuellement le nombre de taxis a atteint, selon quelques estimations les 8.000 unités et celui des minibus de transport de personnel un bon millier. Le développement des zones industrielles comme celle de la TFZ à 20 kilomètres du centre-ville, qui continue d’être mal desservie avec une seule ligne de bus avec un départ par heure a dopé ce secteur, encouragé par les entreprises qui ne veulent dépendre d’un réseau de transport peu adapté à ses besoins.

Avec le démarrage de l’usine Renault, c’est toute une flotte de minibus qui s’est ajoutée au parc. Ce constructeur mobilise à lui tout seul plus de 240 véhicules en rotation sur toute la journée pour satisfaire les besoins de transport de ses 7.000 employés qui doivent faire plus de 40 kilomètres par jour.

Avec la montée en charge de la zone de Tanger Automotive City et de la future TangerTech ce sont des dizaines de milliers d’emplois nouveaux qui seront créés et autant de places de transport qui seront nécessaires. La CGEM avait proposé en 2014 la création d’une ligne de transport dédiée à ces zones industrielles afin de pallier ce manque.

La ville s’est emparée de cette idée, et a annoncé travailler sur un système de transport à haut débit basé soit sur le tramway ou les bus à haut niveau de service. Mais le fait est qu’aujourd’hui ces projets en sont toujours au stade embryonnaire. Actuellement les opérateurs, dans une grande majorité, doivent faire appel à des opérateurs de transport qui ne remplissent pas les conditions minimales de sécurité. Le plus souvent, il s’agit de sociétés de transport de type familial qui emploient d’anciens chauffeurs de taxis qui n’ont reçu aucune formation.

Officiellement, ce sont 260 entreprises de transport autorisées avec un parc total d’environ 1.200 véhicules qui assurent cette fonction. Mais un volume supplémentaire d’au moins 300 autres véhicules circuleraient sans aucune autorisation au vu de la forte demande.

240.000 déplacements par jour

Le transport du personnel est l’un des grands défis de la ville de Tanger. Avec le développement des zones industrielles, le nombre de personnes à déplacer s’est considérablement élevé ces dernières années.
Actuellement ce sont plus de 120.000 employés qui prennent chaque matin la direction de leur lieu de travail, ce qui équivaut à un peu plus de 240.000 déplacements quotidiens avec comme conséquence la saturation des grandes voies d’accès de la ville, surtout les sorties vers Rabat et Tétouan en direction de la TFZ et du site de Renault. Ces chiffres devront connaître une nette croissance lors des prochaines années avec la montée en charge du secteur manufacturier.